La sacem ? une oligarchie qui ne me semble pas au service de la chanson. La sacem au service des créateurs ou des industriels ?
Qui parmi le grand public et même les membres de la sacem, comprend vraiment le rôle et les objectifs de la sacem ? La sacem... c'est plus de 120 000 membres qui furent appelés à soutenir « le texte du projet de loi Création et Internet. » Il en allait de « l’avenir de notre profession » !... suivant les mails envoyés par notre vénérable institution de Neuilly... « la mobilisation de tous les acteurs de la filière musicale (...) est vitale pour stopper l’hémorragie économique et sociale provoquée par le téléchargement illégal. » Et ce serait le paradis ! Suite : « Par l’adoption de la loi Création et Internet, une chance nous sera donc donnée de ne plus subir Internet comme un danger, mais de l’utiliser pour promouvoir les nouveaux modèles économiques dans un cadre plus équitable. » Quand Bernard Miyet, le président du Directoire de la sacem, ose le terme équitable, les membres doivent l’acclamer en choeur ?... Ou enfin oser écrire la réalité sur notre chère sacem (presque 20% quand même des sommes collectées pour le mastodonte, à dégraisser aussi ?), oligarchie d’inféodés aux majors ? Laurent Petitgirard, président du Conseil d’administration, débutait en avril 2004 son édito de LA LETTRE (de la sacem) par : « En décembre 2003, le Conseil d’administration de la Sacem a décidé de baisser de 50% le « cens argent », c'est-à-dire le minimum de droits qu’il faut pour pouvoir accéder au statut de sociétaire professionnel, puis à celui de sociétaire définitif. » Explication très instructive : « Cette baisse n’a pas été décidée arbitrairement, le Conseil ayant constaté que le cens argent, indexé sur l’évolution de la répartition des droits, avait depuis 1980 augmenté deux fois plus vite que les indices servant de référence à la revalorisation des salaires. » Le conseil a pris le temps pour constater ! On peut traduire par : depuis des décennies, le conseil d’administration limitait au maximum l’accès au statut de sociétaire professionnel (en exigeant des revenus quasiment impossible à atteindre sans travailler pour les majors), permettant à un petit groupe inféodé aux majors de diriger sans opposition notre vén(ér)a(b)le institution. Devenir « sociétaire professionnel », c’est obtenir 16 voix à l’Assemblée générale, être éligible... et recevoir les bulletins de vote, pouvoir voter par correspondance... quand les simples membres doivent s’informer et se déplacer à Neuilly s’ils veulent que leur petite et unique voix soit comptabilisée. Membre de la sacem depuis l’an 2000, j’obtenais alors mes premières informations sur le cercle restreint : « Vous étiez en tout 116 lors de la promotion de 2003. Avec cette mesure, vous serez 760 en 2004, parmi lesquels 576 nouveaux sociétaires professionnels et 187 nouveaux sociétaires définitifs ». Mais le nombre total des oligarques reste « un secret »... levé dans la même LETTRE, en juillet 2006 : « 1971 sociétaires professionnels et 1766 sociétaires définitifs »... en fin d’un article où le siège de Neuilly a accueilli la « promotion 2006 », soit « 230 nouveaux sociétaires professionnels et 83 nouveaux sociétaires définitifs. » 576 sociétaires professionnels en 2004, 230 en 2006, on peut présager un nombre similaire en 2005, soit 576 + 230 + 230 = 1236, qu’il convient de retirer des 1971 sociétaires professionnels, ce qui nous donne par extrapolation assez précise pour 2003 : 735 sociétaires professionnels ; nous pouvons conserver les 1766 sociétaires définitifs, en considérant que les sociétaires définitifs 2006 étaient déjà au moins sociétaires professionnels en 2003. Pour obtenir le véritable chiffre des membres qui comptaient à la sacem avant la petite ouverture, il convient donc d’ajouter 1236 et 1766. Soit environ 3000. Le passage à environ 4000 n’y change pas grand chose : une oligarchie dirige la sacem et la politique du Conseil d’Administration vise naturellement au maintien des privilèges de ces sommités. Les autres sont priés de signer des pétitions quand l’ancien maire de Neuilly souhaite se proclamer du côté des créateurs même si Carla Bruni adore être « téléportée. » Les élections au Conseil d’Administration sont toujours l’occasion d’un grand bluff de communication : seul le nombre de voix obtenu est noté... le nombre de votants n’apparaît jamais. Ainsi en 2008, Richard Seff, catégorie auteur, fut élu avec 9871 voix. Ce qui, en appliquant la règle des 16 voix par oligarque, peut représenter moins de 650 électeurs... sur plus de 120 000 membres !... Quelle crédibilité pour parler en notre nom !... Et un éditeur, Christian de Ronseray, fut encore plus mal élu, avec 7429 voix. Jamais la sacem n’a vu en Internet la chance historique pour les créateurs de se libérer de l’emprise des marchands, des majors, des vendeurs... Finalement, pour notre sacem, ce serait un moindre mal, le remplacement des vendeurs physiques par des vendeurs numériques... avec toujours les mêmes têtes de gondoles : peu importe l’éclosion de quelques stars via le net, elles sont rapidement aspirées par « le système » (pitoyable constat : à peine « découverts », les « jeunes artistes » s’empressent de se lier à une major !), l’essentiel est préservé : la prééminence des mastodontes sur les créateurs. La dernière lettre de la sacem est significative du modèle économique souhaité (« équitable » !): sur un téléchargement légal, la sacem redistribue 7 centimes aux auteurs compositeurs éditeurs... Alors qu’un autre modèle économique était (est encore ?) possible : le téléchargement via le site de l’artiste avec répartition instantanée des sommes payées... Rien qu’une année de l’enveloppe « soutien culturel » de la sacem aurait suffi à développer un logiciel sécurisé... Mais l’enveloppe « soutien culturel », prélevée sur l’ensemble des membres, revient aux projets estampillés « utiles »... Presque un épiphénomène comparé aux conséquences de la politique générale de la sacem. Combien de jours de mois d'années une telle situation va perdurer ? Ajouter un commentaire journalistique |
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